Ce colloque international est une collaboration entre le Centre de recherche du château de Versailles (CRCV), l’université du roi Juan Carlos à Madrid (URJC), et l’université d’Utrecht (UU).
Afin de promouvoir et de consolider leur pouvoir, les souverains européens ont construit et étendu leur présence à travers de multiples « sites royaux » dès la fin du Moyen Âge. Néanmoins, si la construction et l’extension de la présence du prince ont été très importantes dans le développement et l’affirmation de sa souveraineté, qu’en est-il de sa préservation à travers le temps ?
La réponse est à chercher dans la deuxième partie de la vie de ces lieux, lorsque le temps de la construction et de l’aménagement est terminé et que débute celui de leur usage par le prince et sa cour. L’entretien est alors la clé pour assurer la continuité de la démonstration de la magnificence et de la stabilité du régime, ces sites royaux étant l’incarnation du pouvoir du prince.
Alors que la conception et la construction de l’architecture de la cour et des espaces royaux ont une longue et vaste historiographie, la manière dont ces sites ont été entretenus a rarement été un sujet d’étude en soi. Pourtant, leur entretien était d’une grande importance et avait une dynamique particulière et exigeante. L’entretien n’a suscité l’intérêt des chercheurs que récemment, et si les périodes allant de l’Antiquité à la fin du Moyen Âge et du XIXe siècle jusqu’à nos jours ont été prises en compte, la maintenance au début de la période moderne est encore un domaine peu étudié. Cependant, c’est à cette époque que les nouveaux organismes de construction et d’entretien ont évolué vers des administrations indépendantes et complexes, comme les « King’s works » en Angleterre, la « Surintendance des Bâtiments du roi » en France et la « Junta de Obras y Bosques » en Espagne. Ces organisations constituent les racines des administrations modernes. Elles étaient responsables des vastes « sites royaux » qui comprenaient tous les biens appartenant à la dynastie régnante. Ces derniers ont également servi de centres de pouvoir qui ont contribué à façonner les premières monarchies modernes, en particulier au XVIIe siècle, lorsque différents monarques les ont utilisé pour faire face aux défis adressés à leur autorité. Cette « géographie royale » ne comprenait pas seulement les résidences où le souverain et les autres membres de la dynastie résidaient, mais aussi d’autres lieux associés au fonctionnement de la cour, comme les forêts, les jardins, les terres agricoles, les usines et les espaces urbains. Dans certains cas, l’administration était également responsable des monastères et couvents royaux fondés ou soutenus par la famille royale.
Faisant suite à la conférence “Building the Presence of the Prince” qui s’est tenue à Utrecht en novembre 2019 (“Building the Presence of the Prince”, codirection d’organisation : José Eloy Hortal Muñoz (URJC) et Merlijn Hurx (UU), Museum Catharijneconvent, 8-9 novembre 2019), ce colloque international vise à réunir des experts de différents domaines historiographiques (histoire, histoire de l’art, histoire de l’architecture et pensée politique), avec pour objectif de développer une analyse comparative sur la manière dont les espaces royaux étaient entretenus dans une perspective transnationale et diachronique (XIV-XIXe siècle). Le cadre chronologique de ce colloque est intentionnellement celui de la « longue durée », permettant ainsi l’examen des questions traitant de l’entretien depuis la naissance de la géographie royale et de ses développements jusqu’au XIXe siècle, lorsque les lieux et espaces royaux ont été transformés en sites du patrimoine national, et qu’en conséquence, l’accent a été mis sur la conservation et les restaurations.
Actes du colloque à paraître chez Brepols en 2023.
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