Organisé par le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, le Centre de recherche et l’Institut National de l’Audiovisuel à l’école nationale supérieure d’architecture de Versailles.
Des téléfilms et séries historiques aux reportages des journaux et magazines télévisés, des documentaires savants aux émissions de divertissement, les lieux d’exercice du pouvoir central, passés et présents, monarchiques, princiers ou républicains, ont, à travers le monde, toujours nourri les programmes de télévision. Les cours princières, les palais républicains, les résidences gouvernementales d’hier et d’aujourd’hui, ce qui s’y vit, ce qui s’y dit, ce qui s’y trame sont source d’un imaginaire qui fascine les médias et leur public, et qu’a contribué à entretenir et renouveler la télévision depuis ses origines.
Si les représentations des cours au cinéma a pu susciter l’intérêt des historiens, si la vie des « grands de ce monde » est désormais un thème de recherche (vie mondaine, « peopolisation »), si, bien sûr, les images du pouvoir constituent maintenant un champ de recherche actif, aucune étude d’ampleur, a fortiori dans une perspective de comparaison, n’a été conduite à partir des archives de télévision. Pourtant, compte tenu de son influence, de la diversité de ses genres, de la variété des publics, le petit écran constitue un outil riche et précieux pour saisir les conditions et les formes de construction et de transmission de l’imaginaire historique sur les lieux de pouvoir du passé et ses résonances sur les sociétés contemporaines, pour comprendre aussi le rapport collectif au pouvoir lorsque les cours princières et les palais républicains jaillissent en pleine actualité.
Au travers de la télévision et de l’angle d’observation choisi ici, qui mêle délibérément la fiction et le réel, le regard sur soi et le regard sur l’autre (nos propres lieux de pouvoir et notre propre passé, mais aussi ceux de nos voisins, proches ou lointains), le colloque s’est interrogé sur la perception commune du pouvoir, ses mécanismes et sa charge symbolique, sur la vulgarisation scientifique par un média audiovisuel de masse et la vision populaire de l’histoire, sur la force et la pérennité des représentations comme terreau des identités nationales.
S’agissant de la fiction, aucune période de l’histoire n’a été négligée, de la plus haute Antiquité jusqu’à nos jours. S’agissant de l’information, on a considéré toute l’histoire de la télévision. Aucune forme d’expression télévisuelle (fiction ou information) n’a été rejetée, dès lors que son étude contribue à éclairer les représentations des lieux de pouvoir et leur signification sociale. Parmi d’autres : téléfilms et « dramatiques », séries et « feuilletons » (adaptations d’œuvres littéraires ou scénarios originaux), docudramas et docufictions, séquences de fictions les plus diverses, documentaires, reportages et interviews (journaux télévisés et magazines), émissions d’histoire, émissions culturelles, émissions de divertissement, etc. On ainsi été observé, certes les hommes et les femmes mis en scène dans les espaces considérés, mais aussi la représentation des lieux eux-mêmes, des décors, des symboles, des costumes, des usages, des gestes, des langages, des discours, etc. Si l’image, les dialogues ou les commentaires constituent des matériaux d’analyse premiers, les éléments du son destinés à habiller les documents (soutien sonore, musique du générique, séquence musicale dans le film, etc.) n’ont pas été négligés. La rencontre a également permis de mieux appréhender les conditions de production, de réalisation et de réception des films télévisés et autres émissions étudiées.
Le colloque a ainsi contribué à définir les contours d’une recherche comparée à l’échelle nationale qui a été conduite à partir des cas nationaux, européens ou extra-européens ou, mieux, au travers de communications permettant de croiser les sources de deux ou plusieurs pays.