Journée d’études conjointe organisée par le Danish National Research Foundation Centre for Privacy Studies de l’université de Copenhague et le Centre de recherche du château de Versailles avec le soutien du Danmarks frie forskningfond. Independant research fund denmark.
La charité a toujours joué un rôle important dans la tradition judéo-chrétienne. La Bible ordonne aux riches de prêter attention aux besoins des pauvres et de les aider, mais elle enseigne aussi que ceux qui donnent doivent être discrets et ne pas faire étalage de leurs actes charitables. Dans Matthieu 6.4, nous lisons : « Afin que ton aumône soit dans le secret, et ton Père, qui voit [ce qui se fait] en secret t’en récompensera publiquement ».
Cependant, dans la France d’Ancien Régime, les nobles vantaient leurs actes de charité, souvent dans des performances complexes avec une mise en scène détaillée. Le Mandé royal, une cérémonie séculaire au cours de laquelle le roi lavait les pieds de 13 enfants pauvres, est sans doute l’exemple ultime de ces somptueuses manifestations de charité.
L’exercice de la charité servait à remplir les devoirs religieux des personnes aisées, mais il contribuait aussi à consolider et à renforcer leurs prétentions au pouvoir politique. L’efficacité des actes de charité a été co-constituée à la fois par l’engagement religieux et par les intérêts politiques, et la charité a fonctionné dans la mesure où elle a été accomplie pour le bien des sujets pauvres mais aussi pour des pairs nobles.
Il y a un paradoxe apparent entre la confidentialité normative des actes de bienfaisance et l’étalage public de ces actes qui s’est produit dans la réalité. Ce paradoxe soulève plusieurs axes de recherche intéressants :
Organisateurs : Natália da Silva Perez et Lars Cyril Nørgaard