Journée d’études organisée par le Centre de recherche du château de Versailles dans le cadre de son programme de recherche « La représentation de l’histoire au sein des collections du musée de Versailles ».
La vaste entreprise de conversion du château de Versailles en un musée dédié « à toutes les gloires de la France » est longtemps restée incidente dans une histoire de l’art du XIXe siècle centrée sur l’avènement de la peinture moderne. Depuis l’ouvrage fondateur de Thomas W. Gaehtgens, cette création singulière, emblématique de la monarchie de Juillet, s’est pourtant affirmée comme un objet historique majeur. Issu de la tradition de la galerie des hommes illustres qui remonte à l’Ancien Régime, le musée inauguré par Louis-Philippe en 1837 est également contemporain d’une ambition pédagogique propre au tournant historiographique des années 1830. Ainsi, « le programme et son message » (Gaehtgens, 1984) témoignent d’une démarche politique visant à légitimer le nouveau régime et réconcilier les différentes forces politiques du pays par le biais d’un récit national rassembleur et consensuel. L’important chantier des commandes révèle d’autre part une politique artistique remarquable par son ambition et son ouverture : plutôt qu’établir un style « officiel » qui aurait été celui du « juste-milieu », elle accompagna un intérêt croissant pour la représentation de l’histoire nationale, venant d’artistes aux orientations très diverses (Chaudonneret, 1999). Si la création de Louis-Philippe trouve sa place dans La jeunesse des musées (musée d’Orsay, 1994), c’est surtout à partir des années 2000, au moment des réflexions et débats sur les projets de Musée/Maison de l’Histoire de France, qu’elle fit l’objet d’un intérêt nouveau dans le champ des études sur l’histoire des musées et du patrimoine (L’histoire au musée, château de Versailles, 1998-2004 ; Lieux de mémoire, musées d’histoire, INP/CAPA, 2009-2012).
Plusieurs éléments font aujourd’hui consensus, notamment l’aspect très personnel de l’entreprise de Louis-Philippe et sa dimension politique, tandis que l’efficacité du message de propagande sur les contemporains, ou encore les rapports entre les historiens de l’époque et l’élaboration du programme continuent de faire débat. Les processus de commandes, le rôle du portrait et plus largement la place de la sculpture, ainsi que l’évolution du musée sous le Second Empire et la Troisième République, sont autant de facettes du sujet en attente de nouvelles investigations. A la suite de l’exposition « Louis-Philippe et Versailles » (château de Versailles, 2018-2019) et dans la perspective d’un redéploiement des collections du musée de Versailles, cette journée d’études réunissant chercheurs, jeunes chercheurs et conservateurs sera l’occasion d’établir un bilan des connaissances, tout en proposant de nouvelles pistes de recherches pour une « relecture » des galeries historiques de Versailles au XIXe siècle.
Direction scientifique et organisation : Alexandre Maral, Mathieu da Vinha, Matilde Cassandro-Malphettes, Laurent Cazes (Centre de recherche du château de Versailles).
Publication des actes de cette journée sur le Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, textes réunis et présentés par Bastien Coulon.