Colloque international organisé par le Historisches Seminar de la Ruprecht-Karls Universität Heidelberg, en coopération avec l’Institut historique allemand de Paris, le Centre de recherche du château de Versailles et les Staatlichen Schlösser und Gärten Baden-Würtemberg.
Le 8 décembre 1722 marque le tricentenaire de la mort de la princesse palatine Élisabeth-Charlotte d’Orléans (1652-1722), communément appelée « Liselotte » ou – en France – « Madame Palatine ». Aujourd’hui encore, en Allemagne comme en France, elle est connue non seulement des spécialistes de l’histoire de la cour et de l’histoire de la littérature du XVIIe siècle, mais aussi d’un public plus large, au-delà de l’université et de la recherche spécialisée. Fille d’un prince électeur du Palatinat et belle-sœur de Louis XIV, la duchesse d’Orléans doit cette reconnaissance à sa passion pour l’écriture épistolaire : on estime qu’elle a écrit environ 60 000 lettres durant sa vie dont 6000 ont survécu. Ils existent des éditions plus au moins complètes en allemand, mais qui ne sont que partiellement traduites en français. Depuis la publication des premiers extraits de sa correspondance en français et en allemand, la princesse palatine est néanmoins invoquée des deux côtés du Rhin comme « fournisseur d’anecdotes divertissantes ».
En Allemagne en particulier, sa correspondance a été lue comme preuve précoce de l’« inimitié héréditaire » franco-allemande, idéologie nationaliste qui se déploie dans la seconde moitié du XIXe siècle et durant les premières décennies du XXe siècle. Sa « nature allemande authentique » fut opposée à « l’environnement désert d’une frivolité sans honte et sans droit », à « l’absence de contenance morale de la cour française ». De nombreuses pièces de théâtre et biographies populaires ont approfondi cette image dans les deux pays. Ce n’est qu’en 1986 et 1989 qu’Arlette Lebigre et Dirk van der Cruysse ont tenté, avec leurs biographies, de dépasser ces clichés toujours en vigueur. Leurs portraits ont marqué le début d’une brève période d’attention accrue pour Élisabeth-Charlotte, soutenue par la grande exposition « Liselotte » de 1996-1997 à Heidelberg. Malheureusement les champs de recherche esquissés à l’époque n’ont pas été poursuivis au cours des années suivantes, pas plus que la réalisation de nouvelles études (comme l’édition complète et critique de sa correspondance par exemple). Pourtant, les recherches ont prouvé à maintes reprises la richesse de ses lettres qui vont au-delà de la simple anecdote et de l’éternelle l’instrumentalisation de « l’essence allemande » d’Élisabeth-Charlotte. Ce n’est qu’au cours de ces dernières années que l’on assiste à un regain d’intérêt pour Élisabeth-Charlotte/« Liselotte », comme l’illustrent plusieurs travaux sur le potentiel littéraire de ses lettres.
Le tricentenaire de la mort de la princesse est l’occasion de se pencher à nouveau sur Élisabeth-Charlotte et ses lettres : en reprenant le débat du début des années 1990, nous tentons de réévaluer sa biographie à la lumière des nouvelles recherches sur la culture de cour à Versailles, de nous interroger sur les nouvelles approches épistolaires, de faire le bilan des nouvelles recherches sur l’histoire du corps à travers ses lettres et de développer de nouvelles problématiques.
Le colloque se déroule sur plusieurs jours consécutifs à Heidelberg et à Versailles, les deux lieux qui ont marqué de manière décisive la vie de la duchesse. L’un des objectifs particuliers du colloque est de déconstruire définitivement les images « classiques » ou plutôt « nationales allemandes » de Liselotte et de s’inscrire dans le prolongement des travaux de Dirk Van der Cruysse, pour situer Élisabeth-Charlotte dans la « Société des Princes » et la rendre plus accessible à un plus large public. Le colloque a également pour but d’entrecroiser les questions d’histoire culturelle et des idées avec des problématiques proprement littéraires, notamment les approches d’(auto)biographie et de l’histoire littéraire afin de stimuler un échange transdisciplinaire et de créer des effets de synergie stimulants.
Comité scientifique :