Journée d’études organisée par le Centre de recherche du château de Versailles et la Société Saint-Simon.
Un rejeton d’apothicaire nommé archevêque, un simple précepteur devenu Principal ministre, un libertin athée élevé à la pourpre cardinalice : pour Saint-Simon, Dubois avait le visage outrageant du scandale. Il fut également une ombre portée sur la relation privilégiée que le duc entretenait avec le Régent Philippe d’Orléans, dont la complicité avec Dubois jamais ne se démentit. Le mémorialiste s’est vengé avec panache de ce rival en faisant passer à la postérité les rumeurs qui, durant la Régence, circulèrent dans Paris sur l’infortuné abbé. Cependant, la mésentente entre Dubois et Saint-Simon ne saurait être réduite à la question du rang ou à la simple inimitié. Elle s’exprima également sur le plan de la politique. Si le duc et le cardinal ont parfois été amenés à s’entendre, leurs divergences politiques, qui s’exprimèrent par exemple sur le plan de des affaires étrangères, étaient profondes. Quant à Dubois, en en faisant un adversaire à sa mesure, en l’adoubant comme un contradicteur redoutable et redouté, le duc de Saint-Simon reconnaissait implicitement qu’il n’était pas qu’un ambitieux dévergondé, hypocrite et dénué de tout talent.
Communications parues dans Les Cahiers Saint-Simon n°46.