Journée d’études organisée par le Centre de recherche du château de Versailles et le château de Versailles.
Directeur général des Beaux-Arts de 1934 à 1940, Georges Huisman a joué un rôle largement méconnu dans la mise en protection du patrimoine français à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Organisée à l’occasion de la donation de ses papiers privés aux Archives nationales, la journée d’études a mis en lumière l’action mais aussi l’héritage de cette grande figure du monde culturel de la première moitié du XXe siècle.
L’historienne de l’art Hélène de Talhoüet a dressé un premier portrait de Georges Huisman, auquel elle a consacré une thèse en 2015, soutenue à l’université de Paris 1 Sorbonne. Celui-ci a ensuite été complété par l’historien et académicien Pascal Ory, dans une remise en contexte plus vaste : quelle fut la place de Georges Huisman à la tête de la direction générale des Beaux-Arts, et plus précisément dans le Front populaire de Léon Blum ? L’historien Fabien Oppermann a abordé ses liens avec Versailles, la restauration de ses monuments (sous l’ère Rockefeller) mais aussi son influence déterminante dans le remeublement du château et ses réceptions diplomatiques au cours des années 1930. Claire Bonnotte Khelil et Christina Kott, co-directrices du programme Châteaux et musées en Europe : un patrimoine artistique à l’épreuve de la guerre (XIXe-XXe siècle), sont revenues sur son rôle dans la mise en protection du patrimoine national, et sa réévaluation au regard de celui de Jacques Jaujard, directeur adjoint puis directeur des musées nationaux et du musée du Louvre. Les deux historiennes ont abordé à cette occasion ses réseaux internationaux, notamment dans le cadre de l’Office international des musées (OIM, prédécesseur de l’ICOM), de la Société des Nations. Georges Huisman, de confession juive, ayant fui à bord du Massilia en juin 1940, ne retrouve pas ses fonctions à la Libération : une terrible désillusion qu’a expliqué son petit-fils Bruno Huisman.
Sans correspondre à une date anniversaire pour Georges Huisman, décédé en 1957, l’année 2024 marque un tournant décisif puisque ses archives, jusqu’à alors conservées dans la famille, viennent d’être confiées aux Archives nationales. Yann Potin, conservateur en chef dans cette institution, a décrit cette donation très importante, qui offre des perspectives nouvelles pour la compréhension de la carrière de ce haut fonctionnaire de la IIIe République. Il est revenu à sa petite-fille Violaine Huisman de clôturer cette journée : l’écrivaine nous parlera de la mémoire familiale, récemment dévoilée dans son dernier roman (Monuments de Paris, aux éditions Gallimard), où tout un pan d’une histoire en partie oubliée reprend vie.
Direction scientifique : Claire Bonnotte Khelil, collaboratrice scientifique, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon ; Christina Kott, historienne, maître de conférences à l’université Paris-Panthéon-Assas
Les enregistrements des interventions sont disponibles sur la chaîne YouTube du Centre de recherche du château de Versailles.