Colloque organisé par la Sorbonne-Université et le Centre de recherche du château de Versailles.
Après plusieurs décennies de travaux critiques consacrés à la traduction médiévale, plusieurs traits saillants de ce phénomène ont été mis au jour, en particulier pour les deux derniers siècles du Moyen Âge : à cette époque, le public instruit (en particulier les semi-litterati qui lisaient des textes, éventuellement complexes, en langue vernaculaire mais n’avait pas accès aux œuvres latines) représenta un nombre croissant de lecteurs. Certains s’intéressaient vivement à des œuvres composées en latin aussi bien que dans d’autres vernaculaires que leur langue maternelle – œuvres de fiction, poésie et traités appartenant à plusieurs champs de la connaissance – et auxquelles ils n’avaient donc pas accès. Leur intérêt permet de comprendre le rôle important qu’ils ont pu jouer dans la production de traductions vernaculaires, surtout en intervenant comme commanditaires de nouveaux textes ou de nouveaux exemplaires de traduction préexistantes.
Le colloque « D’un vernaculaire à l’autre. Traduire les textes du Moyen Âge d’une langue romane à une autre (XIIIe-XVIIIe s.) » (qui a eu lieu à Los Angeles en janvier 2023 et dont les actes sont en cours de rédaction) a fourni un tableau général des traductions horizontales entre plusieurs langues vernaculaires. Dans le prolongement de cette manifestation, nous avons exploré d’une manière plus approfondie le contexte de réalisation des œuvres et des manuscrits concernés, à la fois en termes de rédaction et de copie, en examinant à la fois leur genèse et leur réception.
On connaît bien le rôle crucial qu’ont joué certains princes lorsqu’il s’est agi de promouvoir la traduction du latin à la langue vernaculaire, en particulier pour des autorités latines – ainsi du roi de France Charles V et de son entourage. Par leur truchement, la littérature et les langues vernaculaires ont été enrichies. Il semble qu’au milieu du XVe siècle, la cour de Bourgogne et l’entourage de Philippe le Bon aient été, à leur tour, un terreau fertile pour faire éclore le goût de la culture ibérique, débouchant sur la traduction de plusieurs textes du castillan en moyen français. Le colloque d’octobre 2024 a permis de stimuler des recherches permettant de mieux comprendre ce cas particulier et de le mettre en perspective.
Direction scientifique : Hélène Thieulin-Pardo (Sorbonne Université), Géraldine Veysseyre (Sorbonne Université)