Ouvrage publié avec le soutien financier du CRCV.
Alexandre Goderniaux, Un coup de majesté manqué. Henri III aux États généraux de Blois (16 et 18 octobre 1588), Genève : Droz, coll. « Cahiers d’Humanisme et Renaissance », n° 203, automne 2024, 264 p., 15,2 x 22,2 cm, 39€ (ISBN : 978-2-600-06561-0).
Onze textes diffusés par les imprimeurs d’Henri III à la fin de l’année 1588 révèlent une autre histoire des États généraux de Blois. Ils ne résument plus l’assemblée aux assassinats des Guises (23 et 24 décembre 1588) et invitent à explorer ses deux premières séances (16 et 18 octobre 1588) dans toute leur densité. Maillons d’une vaste opération politique et communicationnelle, ces imprimés retracent d’amples prolégomènes grâce auxquels l’action gouvernementale d’Henri III peut être réévaluée. Le souverain y affirme la nature divine de son pouvoir et expose un projet de réforme destiné à fonder une ère nouvelle. Simultanément, il ambitionne d’assoupir les troubles civils par un modèle royal de la parole où sont imbriqués le bien-parler et le bien-gouverner. Ces textes constituent aussi une opération de communication savamment préparée par laquelle le souverain et ses imprimeurs diffusent une version idéale de l’assemblée : une scénarisation du succès royal y couronne Henri III dans un triomphe de papier. En outre, ils portent la trace vive d’un coup de majesté manqué, montrant comment Henri III tente, par la ruse, de neutraliser le discours ligueur, afin de redevenir le maître du jeu et du temps.