Évènement faisant partie du corpus « Sources des fêtes et des cérémonies décorées par Charles Le Brun (1660-1687) » que Gaëlle Lafage, docteure en histoire de l’art, a rassemblé pour accompagner la publication de son ouvrage « Charles Le Brun décorateur de fêtes » (Presses universitaires de Rennes, 2015).
La Fête-Dieu était alors une célébration importante. Commémorant l’institution du sacrement de l’Eucharistie, elle est célébrée le jeudi qui suit la Trinité et solennisée le dimanche (soit le deuxième dimanche après la Pentecôte). La semaine suivante était célébrée l’octave surnommée « la petite Fête-Dieu ». Cette fête était accompagnée de processions publiques où l’hostie sainte était portée à travers les rues. Des reposoirs étaient érigés dans la ville afin d’y exposer le Saint-Sacrement. Très ornés, ces autels éphémères permettaient de poser le Saint-Sacrement, et formaient ainsi une série de haltes au cours de la procession où l’on bénissait le peuple qui participait à la cérémonie.
Les témoignages sur cette fête à la manufacture des Gobelins sont rares. Pourtant, Claude Nivelon, élève et collaborateur de Le Brun, dans la biographie qu’il consacra au maître, évoque cette fête, célébrée tous les ans dans la manufacture : « Tous les habitants de cette grande ville y ont vu des décorations extraordinaires et superbes, dressées pour honorer l’octave de la fête de Saint-Sacrement, où tous ces ouvrages magnifiques de la Couronne étaient exposés ; l’affluence et le concours général du peuple a été un témoignage de l’estime que l’on en avait. »
Nous n’avons retrouvé aucune image témoignant de ces reposoirs des Gobelins. Les archives de la manufacture sont presque inexistantes pour cette période, n’ayant pas été conservées. On ignore donc presque toujours les ouvrages qui étaient sortis pour l’occasion ainsi que la part de Le Brun dans la conception et la réalisation des décorations. Étonnamment, ce sont les archives judiciaires qui fournissent le plus de détails sur ces célébrations, même si elles ne nous renseignent pas sur les décorations des reposoirs.
Cette tradition de décorer la manufacture lors de la Fête-Dieu se poursuivit durant le XVIIIe siècle ; des livrets conservent la mémoire des tentures qui étaient alors exposées à cette occasion dont celles conçues par Le Brun figuraient encore aux côtés des créations contemporaines.
Sources manuscrites
E* 1808 : Arrêts du Conseil du roi (11 août et 15 décembre 1681)
E* 1812 : Arrêts du Conseil du roi (25 mai et 1er juin 1682)
Sources imprimées
La Muze historique ou recueil des lettres en vers contenant les nouvelles du temps écrites à Son Altesse Mademoizelle de Longueville, depuis duchesse de Nemours (1650-1665), de Jean Loret, éd. par J. Ravenel et V. de La Pelouse, Paris, P. Jannet et P. Daffis, 1878, t. IV, p. 213
Lettre en vers, de La Gravette de Mayolas, dans Les continuateurs de Loret, Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1881, t. I, col. 43-44
Lettres en vers à Monsieur et à Madame, de Robinet, du 10 juin 1673 (Bibliothèque Mazarine, 296 A6 rés.)
LOCKE John, Locke’s Travels in France, 1675-1679 : as related in his Journals, correspondence and other papers, éd. par John Lough, Cambridge, University Press, 1953, p. 150
NIVELON Claude, Vie de Charles Le Brun et description détaillée de ses ouvrages, éd. par Lorenzo Pericolo, Genève, Droz, 2004, p. 330
Second mémoire pour les curés, marguilliers et paroissiens de Saint Hippolyte ; contre les doyen, chanoines et chapitre de Saint Marcel. Sur le fonds de l’affaire, dont l’examen est renvoyé devant M. le Procureur-Général, etc. par arrêt du 9 août 1775, Paris, B. Morin, 1776, p. 33‑36 (Bibliothèque Mazarine, A 16558, pièce 20)
Reposoir de 1664 - Loret, La Muze historique
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Reposoir de 1665 - La Gravette de Mayolas, lettre en vers
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Factum sur les démêlés arrivés pendant la célébration de la Fête-Dieu
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