Cet axe de recherche vise à formaliser les usages non écrits de la cour de France afin de saisir l’évolution de l’étiquette à l’époque moderne entre développement, perfectionnement et/ou appauvrissement.
Si l’étiquette recouvre aujourd’hui une acception qui peut apparaître claire et bien délimitée, on s’aperçoit bien vite que cette notion est loin de relever d’une évidence. Outre le fait que l’on mélange souvent « cérémonial », « protocole » et « étiquette », ce dernier terme n’était que très rarement utilisé par les contemporains, et souvent dans des significations bien différentes. Que cela soit dans le dictionnaire de Richelet ou celui de Furetière, c’est essentiellement un sens juridique qui est retenu par les lexicographes. En effet, en France, le terme se rapportait à des pièces de procédures judiciaires. Cependant le dictionnaire de l’Académie française (à partir de son édition de 1718 et dans la dernière signification qu’il donne du mot) rappelle l’utilisation familière de ce terme en Espagne [1] dans le sens « de ce qui se doit faire journellement dans la Maison du Roi, & dans les principales cérémonies ».
Bernard Hours dans son étude sur la cour de Louis XV a précisé l’historicité et les origines de l’étiquette française [2]. Elle remonterait à la cour de Bourgogne de Philippe le Bon au XVe siècle où « elle désignait un formulaire écrit fixant l’emploi du temps du prince et de sa cour » [3]. Dès lors, on chercha à conserver les usages afin qu’ils se perpétuassent. Les situations évoluant, l’étiquette en fit de même et chaque nouveau code était consigné pour faire jurisprudence.
Cet axe de recherche a pour ambition de formaliser les usages non écrits de la cour de France. En effet, au contraire des nombreuses études systématiques qui ont été menées notamment pour les Habsbourg de la cour de Madrid ou ceux de la cour de Vienne, l’étiquette française a toujours été envisagée selon les usages et rituels de la cour et de façon globale. Il s’agira principalement ici de saisir l’évolution de l’étiquette à l’époque moderne entre développement, perfectionnement et/ou appauvrissement. Pour répondre à cette problématique, plusieurs thématiques et questionnements doivent être envisagés :
Direction scientifique : Mathieu da Vinha (Centre de recherche du château de Versailles) et Raphaël Masson (château de Versailles).
Comité : Alice Camus (CRCV) ; Delphine Carrangeot (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, centre de recherche ESR-DYPAC) ; Nicole Lallement (CRCV) ; Bénédicte Lecarpentier-Bertrand (université Paris-Est Créteil Val-de-Marne) ; Pauline Lemaigre-Gaffier, (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, centre de recherche ESR-DYPAC) ; Benjamin Ringot (CRCV).
Collaborateurs au projet : Marie Carlin (CRCV) ; Samuel Halopau (CRCV) ; Sandrine Jauneau (CRCV) ; Alexandra Pioch (CRCV) ; Isabelle Pluvieux (CRCV).
[1] L’absence de la définition actuelle du mot « étiquette » dans les dictionnaires contemporains ne signifie absolument pas que le terme n’était pas utilisé avec cette signification dans le langage. On en a pour preuve l’utilisation qu’en fait Madame Palatine dans une lettre du 3 février 1679 où la duchesse d’Orléans expliquait qu’elle n’avait jamais pu se faire à cette « insipide étiquette ».
[2] Voir Bernard Hours, Louis XV et sa Cour, Paris, PUF, coll. « Le nœud gordien », 2002, p. 77-98.
[3] Ibid., p. 78.